Très tôt l’art s’est glissé dans la vie de Florence Pesez pour s’y installer comme une évidence.
Leur première rencontre se fait à l’école, sous les toits, dans un grand atelier sous la forme d’une " dame " aux cheveux hirsutes, professeur d’art peut-être, artiste sûrement. Là, entre les chevalets et les établis, Florence se sent à sa place.
Rapidement, elle suit des cours de sculpture sur bois, puis apprend la sculpture sur pierre auprès de Jorge Carrasco, " son maître ", comme elle le dit.
Il lui apprend à sculpter le marbre et l’onyx, mais surtout à écouter la pluie tomber, regarder l’oiseau prendre son envol et laisser glisser l’émotion le long de ses mains, de son outil jusqu’au cœur de la pierre.
Les années qui ont suivi, Florence Pesez a travaillé dans le silence de ses ateliers. Jamais, hormis pour quelques proches, elle n’ouvre ses tanières.
Puis il y a quelque temps, les portes de son atelier du 13 rue Haguenot, à Montpellier, se sont enfin entrebâillées.
Et là, c’est la découverte d’une œuvre considérable.
Bois, pierre, os, carcasses, clous, terre, métaux divers, matériaux de récupération, objets détournés, sculptés, assemblés ou modelés nourrissent la créativité profonde et complexe d’une artiste singulière.
Dense, son œuvre questionne. Qu’elle travaille les masques, visages énigmatiques dont on ne saurait dire s’ils dissimulent ou révèlent, les marionnettes qu’on ne sait qui les manipulent, boîtes, sculptures éclectiques, sculptures de bois criblées de clous, inclassables, chaque œuvre de Florence Pesez questionne l’identité humaine et ses interactions, la liberté confrontée au quotidien et la réalité de son libre arbitre.
" Si, dit-elle, j’invite à ma table des amis, ces individus distincts, je les convie à faire groupe. Ensemble nous formons une nouvelle entité. A cette entité participent également les verres posés sur la table, le vin, le briquet de mon voisin et toutes les choses présentes. Les objets sont les témoins muets de ceux qui les ont conçus, fabriqués. Derrière chaque objet, il y a un présent absent, partie intégrante de notre groupe.
En cela, quoi que je fasse, quelques soient les matériaux que j’emploie, je ne peux faire autre chose que de parler de l’humain.
Nous sommes, au final, un composé d’identités multiples. Mon œuvre se construit pour moi et à mon insu autour de cette question. "